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3 questions à Florent Fauconnier, président du Synar

Rencontre • 3 octobre 2024

inCité propose une série de rencontres et de témoignages de ses partenaires publics et privés pour expliquer le rôle d’un opérateur aménageur dans le renouvellement urbain des centres anciens.

Découvrez le 1er témoignage de Florent Fauconnier, président depuis 3 ans du Syndicat National de la Rénovation (Synar*). *Le Synar représente la profession de rénovateur promoteur et regroupe près de 80 opérateurs immobiliers de toute la Nouvelle Aquitaine.

Dans quel contexte faites-vous appel à inCité ?

Les membres du Synar ne « choisissent » pas de travailler avec inCité. C’est inCité qui sur un secteur donné, se met la plupart du temps en relation avec nous. Lorsque nous nous portons acquéreur dans le centre ancien de Bordeaux, inCité est incontournable de part sa mission de requalification du secteur sauvegardé élargi. Les équipes, avec lesquelles nous travaillons dans un esprit plus collaboratif qu’auparavant, ont un droit de visite et un droit de regard sur les projets et la programmation ; elles nous accompagnent dans la création de logements sociaux.

Ce qu’il me semble important de souligner, c’est notre volonté commune d’avancer : rechercher comment on peut coconstruire des projets qui soient cohérents à plusieurs égards, tant avec les attentes de la métropole d’un point de vue programmation et logement social, qu’avec une réalité économique qui nous incombe et qui est de plus en plus difficile à tenir. Aujourd’hui, nous avons des coûts de travaux qui ont augmenté globalement de 30 % depuis 2021. Nous avons des immeubles qui souffrent de pathologies extrêmement graves sur le secteur historique ce qui génère chez nous des inquiétudes, des surcoûts ainsi que des injonctions de nos bureaux d’études, de nos assurances dommages-ouvrage etc. Je ne vous cache pas que ce qui s’est passé avec les différents effondrements a aussi généré de la crispation vis-à-vis de nos assureurs et des bureaux d’études qui prennent de plus en plus de mesures de sécurité. Tout cela ajoute au surcoût des surcoûts. Pour arriver à équilibrer une opération dans le centre ancien de Bordeaux et à la réaliser, il faut un prix d’acquisition relativement bas. J’ai pour coutume de dire que le bon prix d’acquisition, c’est celui qui permet de faire l’opération, des travaux cohérents, durables, en adéquation avec les attentes de la métropole mais aussi avec une rentabilité économique ! Car nous sommes des opérateurs privés, sans subventions. Je le précise aussi, la plupart des subventions Anah sont perçues par nos acquéreurs avec le concours des équipes d’inCité, qui font un travail remarquable.

C’est une prise de conscience que nous devons avoir ensemble : nous avons de grandes difficultés à vendre et également à louer des grands logements. On se rend compte que dans le cœur de ville, à Bordeaux- je ne parlerai pas de Libourne ou Castillon – la demande tant en acquisition qu’en location concerne plutôt des petits logements, pas que des studios ou des T1. Aujourd’hui, pour un T4 de plus de 90 m² à 100 m², dans un immeuble ancien où on peut difficilement mettre des ascenseurs, etc.

Quels modes opérationnels mettez-vous en œuvre avec inCité ?

Avec les équipes d’inCité, nous arrivons à échanger autour de nos projets afin qu’ils se concrétisent. Il y a notamment une commission qui a lieu tous les quinze jours, le mardi. C’est en amont et en aval que les échanges se font, ça va dans le bon sens. Avec le pôle foncier, nous dialoguons de manière constructive. J’insiste car c’est une des missions du Synar d’accompagner les opérateurs en les informant sur des retours d’expérience et les bonnes pratiques. Cette commission rassemble aussi l’ABF et les équipes du droit des sols avec comme enjeux, de donner un avis et d’aboutir à un projet. Le compte-rendu qui est adressé à l’opérateur rajoute parfois des contraintes aux contraintes souvent difficiles à tenir et qui nous obligent à remouliner notre projet. Il s’agit ensemble de trouver un point d’équilibre car il est vrai que certains opérateurs abusent…

Je suis conscient qu’inCité souffre des mêmes difficultés que nous pour permettre aux opérations de se réaliser. Je vous donne un exemple avec le sujet des locaux poubelle et vélo dans les immeubles anciens : il pourrait y avoir parfois des dérogations pour que ces locaux soient un peu plus petits pour permettre que l’opération se réalise. Il ne faut pas que l’on s’enferme tant les membres du Synar qu’inCité et les services dans de la doctrine. Il faut que l’on s’adapte !

Une des actions très positives que je salue, c’est qu’en contribuant à produire des logements sociaux, inCité s’engage aussi à reloger les locataires. Cette gestion des relogements temporaires se fait grâce au travail des équipes. Nous, opérateurs, achetons des immeubles dans lesquels des gens vivent dans une très grande précarité. Avec inCité, nous arrivons à trouver des solutions et à proposer des logements temporaires qui sont plus intéressants, plus confortables que précédemment. Et après, soit nous les faisons revenir sur site, dans un logement qui est entièrement rénové, aux normes qui est thermiquement hyper confortable, soit certains locataires préfèrent rester dans le parc d’inCité.

Quelle est la valeur ajoutée d’inCité pour votre profession ?

Ce n’est pas d’un côté inCité, la police et de l’autre, nous, les méchants. Je pense que nous avons tous intérêt à démontrer que nous avons une mission commune, celle de rénover le centre-ville. Ce sont des petits projets. Si nous, acteurs locaux, on ne les fait pas, les acteurs nationaux n’iront pas. On est sur de la dentelle, de l’orfèvrerie !

Notre responsabilité commune passe par arriver à se parler plus facilement pour arriver à avoir des projets peut-être plus simples et plus en adéquation avec les contraintes économiques.

Nous sommes aujourd’hui à un point de bascule, c’est dur mais nous devons nous serrer les coudes dès maintenant.

inCité est un interlocuteur ouvert, qui nous considère. Nous voulons faire des choses bien pour la ville, être vertueux, socialement, sociétalement et économiquement. Il ne faut pas avoir peur de le dire. C’est ce qu’on appelle la performance globale.

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